Benoît XVI offre à la fragilité le signe d’une responsabilité
Si en renonçant à sa charge, Benoit XVI crée la surprise, sa décision relève d’une fidélité à son ardente volonté de servir.
Sa foi et son espérance sont interrogées par la raison, mais aussi profondément habitées par l’Ecriture, le mettant à distance des idées de puissance comme en témoigne son visage empreint d’une
grande humanité et d’une indicible douceur.
Vilipendé parfois, critiqué souvent pour être ferme, il ne peut pas lui être reproché d’être
un esprit fermé. Songeons à son livre « Jésus de Nazareth » ou à ses encycliques, notamment celle sur la question sociale « Caritas in Veritate », dont il reporta la publication d’un an pour mieux prendre
en compte la crise financière de 2008, attentif aux changements qu’opère la mondialisation.
A l’écoute des angoisses de ce monde, il offre une perspective prophétique
en proposant aux acteurs de l’économie d’introduire la trace de la gratuité dans les relations d’échange, incluant une vigilance à l’égard de ceux qui ne disposent de rien ou de si peu.
Lors de la publication de ce grand texte, le Cardinal Tarcisio Bertone rappelait que le Pape ne rependrait pas des lieux communs de la doctrine sociale de l’Eglise, pour apporter des éléments
originaux qu’imposent les actuels défis.
Pour John Keynes, la difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux anciennes.
Cette approche n’explique-t-elle pas l’affaire du « Vatileacks » mettant en exergue les tensions entre un Pape qui a l’audace de l’avenir pour avoir le sens de la Source et ceux qui entendent ne rien changer pour rester
enfermés dans un arrière monde.
Benoit XVI est décidément l’homme des surprises. Présenté lors de son élection comme un traditionnel, il comprit
que pour conserver l’avenir, il était ô combien nécessaire et urgent d’introduire des perspectives novatrices, saisissant que l’imagination et l’initiative sont les clés d’un futur humanisé.
La « sortie » de Benoit XVI, unanimement saluée avec un enthousiasme teinté de gravité, est une « entrée » invitant l’Institution Ecclésiale
à réformer sa gouvernance, mais aussi un acte symbolique de « l’entrée » dans le XXIème siècle dans cette attention à la fragilité pour que nos sociétés ne deviennent pas des
enfers.
http://www.lavie.fr/