Dimanche 23 septembre
Sagesse 2,12.17-20
Psaume 53
Lettre de Jacques 3,16-4,3
Marc 9,30-37
« Il instruisait ses disciples et il leur disait :
« Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ».
Et plus loin, les disciples « avaient discuté entre eux qui était le plus grand ».
Être livré aux mains des hommes
c’est être l’objet de cela exactement
qui anime les disciples : leur volonté de puissance.
Cela produit privilèges : il
y a les premiers et les autres ;
cela produit les rapports sociaux : il y a des maîtres et des esclaves.
Nulle place là dedans pour
celui qui s’est voulu dernier des hommes
et serviteur de tous.
Contraste étonnant entre deux langages, deux manières de penser et d’agir,
deux manières de construire le monde,
où s’entretuer vaut mieux que s’entrevivre.
Basta ! On connaît tout cela.
Et Jésus sait de quoi nous sommes faits.
Cela a quelque chose à voir avec le péché.
Mais on
voit qu’il ne leur fait pas de discours sur le péché.
Oserai-je dire que cela ne l’intéresse pas ?
Jésus va vers l’avant,
il est tendu vers l’avant dans chaque geste,
dans chaque parole :
pour toute réponse à leurs calculs, à leur rêves de toute puissance,
il prend un enfant et le place « au milieu »,
centralité emblématique lourde de sens historiquement.
De là il n’y a plus privilège
et domination.
Mais surtout, plutôt que de stigmatiser leur fatuité,
il les incite par cet enfant mis « au milieu »
à aller au-delà,
vers le centre de sa relation au Père.
Ce centre c’est la confiance,
c'est-à-dire la radicale opposition au péché des disciples,
je veux dire le soupçon.
Au lieu de lui donner priorité, Jésus les invite à un dépassement,
le seul qui vaille d’être vécu, la confiance.
Peut-être, c’est plus cela qui est la raison d’être de sa relation au Père
que l’incroyable suffisance dont les disciples font montre.
Évidemment, cela ne veut pas dire qu’il faille faire pipi au lit ou devenir SDF.
La confiance, cela ne surdétermine rien,
ni comportements préétablis, ni stéréotypes sociaux.
Elle laisse libre, à l’inverse du soupçon.
Reste à savoir ce qu’il advient de ma confiance
si elle est trahie, abusée, immolée sur l’autel
des naïvetés et des désillusions.
Regardons Jésus dans le passage d’aujourd’hui
et ne nous débarrassons pas trop vite du mal de nos frères,
sous prétexte qu’ils sont stupides ou mauvais
et qu’après tout Dieu reconnaîtra les siens.
« Ni oubli, ni pardon » disait Edgard Morin.
Il y a peut-être une troisième voie pour continuer à vivre :
la liberté, le refus de l’entêtement dans la distance et l’opposition
et la renaissance du moi qui ne s’enferme pas dans les échecs
ou les réussites de l’affectivité.
Parce que sur le refus de la charité
bourgeonnent le plus souvent
le dégoût de vivre et la dépression,
le contraire de l’enfant qui se sait aimé et qui reconnaît que sa vie, en Dieu,
est toujours plus que ce qu’il croit vivre.
Angelo Gianfrancesco