Dimanche 9 Septembre Isaïe 35,4-7a
Psaume 145
Lettre de Jacques 2,1-5
Marc
7, 31-37
Marc est le seul à rapporter cette guérison.
Mais comme dans toutes celles des évangiles,
on y retrouve
le diptyque qui associe santé et salut.
Bien qu’il n’y ait pas de textes, à ma connaissance,
qui nous montrent
Jésus prescrivant un traitement médicinal,
ce qui le distingue des guérisseurs païens,
il n’en utilise pas moins des moyens prophylactiques
comme la parole, le geste et la salive, voire son ombre.
Ici, nous avons le toucher et la salive, deux gestes thérapeutiques
qui avaient une longue histoire.
Pour les doigts, en particulier le pouce et l’index,
il était établi qu’ils étaient porteurs d’une certaine énergie au pouvoir curatif,
aussi bien en milieu juif que grec.
Pour la salive, la pratique était bien connue
parce qu’elle était présumée source de vie
avec le pouvoir d’engendrer la parole,
voire de pénétrer le mental du malade et de gagner ainsi sa confiance.
Cela
est attesté aussi bien parmi les Sages du judaïsme
que chez les romains, pour des problèmes de cécité précisément (Pline l’Ancien, Tacite).
D’où une certaine historicité du récit de Marc
qui, signalons-le, se déroule dans le territoire de la Décapole,
en monde païen
donc,
comme la guérison qui précède celle du sourd-muet.
D’où aussi l’importance du Ephphata, ouvre-toi !
Le salut de l’Évangile apporté aux gentils...
Ouvre-toi :
Cela vaut pour l’Église
bien sûr.
Cela vaut pour moi, aussi.
Quand mes fragilités et celles de l’autre m’enferment sur elles-mêmes,
quand je n’entends plus et ne parle plus parce que la blessure est grande
ou les convictions trop fortes,
donne moi de m’ouvrir
Seigneur, rends moi aux autres.
Comme elle a dû paraître douce ta voix à ce sourd qui entend,
à ce muet qui parle ; comme
il a dû se sentir rendu au monde et aux autres.
Le destin de la souffrance, qu’elle soit douleur du corps ou autre,
est de faire se rencontrer
soi-même tout en nous séparant de l’autre ;
le destin de la guérison est de transformer cette rencontre en communion à l’autre.
Jésus nous dit ce qu’il en coûte :
après avoir appliqué ses doigts et sa salive sur le sourd-bègue
(ce n’est
pas cela qui le guérit, remarquons-le),
« il leva les yeux au ciel, il poussa un gémissement et lui dit : Ouvre toi ».
Se demander ce qu’il y avait dans ce « gémissement » de Jésus,
mot qu’on ne trouve que deux fois chez Marc
(cf. 8,12 : stenadzô,
il gémit dans son esprit).
Angelo Gianfrancesco
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