À AIX-EN-PROVENCE,
C'EST TOUJOURS LA MISÈRE QU'ON ÉCRASE !
01 Août 2012 Par Christiane Duc Juventon Edition : Cent Paroles d’Aix, journal
local alternatif
Hélas non, les Roms n'ont même pas appelé au secours ! Dans quel état de désespérance sont-ils donc partis ?
En fait, ils avaient progressivement
abandonné le bidonville ces jours derniers sous les pressions répétées de la police depuis une semaine.
L'expulsion était programmée pour ce matin, mercredi 25 juillet, mais comme avant-hier soir (lundi 23 juillet)
il ne restait plus qu'une poignée de Roms, la mairie a décidé d'intervenir dès hier matin (mardi 24 juillet), pour commencer à détruire le bidonville.
Vous trouverez ci-dessous le communiqué du CADDRIS,
Collectif aixois pour les Droits et la Dignité des Roms, des Immigrés et des Sans-Papiers :
EXPULSION : PAS DE SURSIS POUR LES ROMS DE L'ARBOIS !
À AIX-EN-PROVENCE,
C'EST TOUJOURS LA MISÈRE QU'ON ÉCRASE !
Non seulement c’est la misère qu’on écrase mais les pouvoirs publics, comme la ville, font preuve d’une totale irresponsabilité
en l’état de risque sanitaire avéré. En effet, les autorités publiques avaient été alertées sur plusieurs cas de tuberculose au sein de la population Rom de l’Arbois. Cinq personnes ont été
transportées d’urgence sur les hôpitaux d’Aix-en-Provence et de Marseille et mises à l’isolement.
La présence policière massive, dès lundi matin, a entraîné
la dispersion d’une partie des populations. Cette dissémination incontrôlée d’une population fragile, sans aucun encadrement sanitaire, fait courir des risques évidents, non seulement à ces personnes, mais aussi
à tous les habitants du département. Faut-il rappeler que les épidémies ne connaissent ni nationalité, ni frontière ?
Cela démontre une fois de plus que les expulsions systématiques,
sans traitement sur le fond, sont non seulement inhumaines mais contraires à une bonne gestion du bien public.
La commune d’Aix-en-Provence semblait pourtant avoir pris la mesure de cette situation. Elle aurait annoncé, au
cours d’une réunion tenue la semaine dernière, sa volonté de surseoir au recours à la force publique. On ne peut donc que se désoler et dénoncer l’attitude irresponsable de la commune, comme de l’Etat.
De surcroît les services de la Préfecture ont été saisis de demandes d’hébergement d’urgence. Les tribunaux ont récemment rappelé que l’hébergement d’urgence fait partie des libertés
fondamentales. Comment la Préfecture peut-elle accepter le recours à la force publique alors qu’elle ne remplit pas ses obligations ?
Plus que jamais le CADDRIS demande des solutions d'accueil dignes et humaines.
Oui, une table ronde qui réunisse l’État, les collectivités locales et territoriales, les associations qui œuvrent au quotidien et les Roms eux-mêmes est réellement nécessaire. Elle permettrait, dans un
premier temps, de gérer l’urgence, et préparerait parallèlement la mobilisation des aides financières européennes prévues pour l'accueil et l'insertion des Roms en vue de solutions à moyen et long terme.
Pourquoi ce qui est possible à Lyon, Nantes, Lille ne le serait-il pas dans cette Provence qui a su accueillir tant de populations venues d'ailleurs et qui ont aussi fait la richesse de cette terre ?
Pour
le Collectif Aixois pour les Droits et la Dignité des Roms, des Immigrés et des Sans-Papiers (CADDRIS) - Aix-en-Provence, le 25 Juillet 2012
Claudie Hubert - Philippe Chouard - Hervé Guerrera - Philippe Sénégas
- Marc Durand