Peut-on pour autant établir un palmarès des candidats selon ces critères, comme le fait Blandine Grosjean dans Rue 89 ? Sans doute pas, parce qu’au-delà de la liste
des critères, se dessinent massivement deux blocs de questions qui mettent les catholiques en délicatesse avec la gauche, pour les unes, avec la droite, pour les autres.
Ce sont les questions qui fâchent les catholiques.
(J’exclus volontairement la question européenne, car sur celle-ci le clivage ne passe pas entre la droite et la gauche, mais entre les candidats de l’arc « réaliste », « raisonnable », « européen », comme on voudra, dont les
propositions certes divergent, mais qui se situent toutes dans le cadre de l’Union européenne – Bayrou, Hollande, Joly, Sarkozy – et ceux qui d’une manière ou d’une autre prônent la sortie de l’Europe, à commencer par celle de l’euro : Dupont-Aignan, Le Pen,
Melanchon).
La fin de vie et le mariage homosexuel suscitent le plus les réserves, voir l’ire de certains catholiques envers le programme de François Hollande (mais aussi de Melanchon et d’Eva Joly).
Ce sont aussi les raisons qui ont semble-t-il motivé Koz, dans ce blog, à prendre fermement parti contre ce programme. Et de
fait, l’Eglise a maintes fois marqué son hostilité à une évolution vers une plus grande liberté à autoriser l’assistance médicale à la fin de vie, ainsi qu’au mariage homosexuel.
Mais bien entendu, il ne s’agit pas là de nouvelles obligations légales : simplement de libertés accordées à certaines personnes, qui ne partagent pas l’éthique chrétienne, ce qui est leur droit.
On peut rapprocher cette question de celle de la liberté de l’avortement : l’Etat se limite à organiser une liberté, en aucun cas il ne prend parti pour ou contre une telle pratique.
Sa posture est dans ces matières ce que Paul Ricoeur appelait un « agnosticisme institutionnel ». La question est donc : celui-ci est-il tenable jusqu’au bout ? N’y a-t-il pas des pratiques que la morale commune, au-delà de la
morale chrétienne, réprouve et où l’Etat se doit de prendre une position éthique ?
C’est le cas avec la commercialisation des organes ou des embryons, qui sont interdites en France. Concernant la fin de vie, je ne sais quelle position je serai personnellement amené à prendre si un jour je suis confronté au
problème pour un de mes proches, ou quand je le serai pour moi-même.
Mais en l’absence provisoire de toute implication subjective, il me semble qu’une certaine libéralisation (qui correspond à des demandes réelles) peut-être autorisée (même si des catholiques la refusent pour eux-mêmes), sous
deux conditions : la première, c’est que soient prises toutes les garanties médicales et juridiques pour qu’il ne s’agisse pas d’une manœuvre d’héritiers pressés, la seconde, c’est que soient offertes aux personnes un choix réel avec une filière de soins palliatifs.
Le mariage homosexuel, lui, pose d’autre types de problèmes en particulier celui de l’adoption.
Mais force est de reconnaître qu’il existe concrètement des familles homoparentales, qui doivent pouvoir disposer des mêmes droits que les autres familles, sans préjuger de nos propres positions sur le bien fondé de l’homoparentalité.
Les questions qui fâchent dans le programme de Nicolas Sarkozy sont les questions relatives à l’immigration, ainsi que ses prises de position sur l’Islam.
Que les lecteurs me pardonnent, mais elle méritent que je leur consacre un billet spécifique, la prochaine fois. A suivre, donc.
http://election-presidentielle.blogs.la-croix.com/les-questions-qui-fachent-les-catholiques-i/2012/04/11/