La parole de Dieu
« Le samaritain chargea sur sa propre monture l’homme blessé, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. »
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc, chapitre 10, verset 34
La méditation
Comment faire pour changer le visage du Carême, « trans-figurer » le Carême ? Lui donner une autre allure pour que les chrétiens aient vraiment des « gueules de ressuscités » et non ces faces sombres, tellement
persuadés qu’un acharnement à la perfection, qu’ils nomment ascèse, est de mise durant ces quarante jours… ! Oui, l’ascèse est de mise, mais laquelle ? Pour certains chrétiens habitués au jeûne et à la prière, la véritable ascèse, celle que l’on fuit car trop
difficile, consiste à faire ce que l’on ne fait pas habituellement : inviter quelqu’un que l’on n’aime pas pour lever un malentendu et apprendre à le connaître mieux, ne pas multiplier les exercices de dévotion, si cela nous dispense d’aller rendre service
à une association d’exclus, de marginaux de la vie, voire de l’Eglise.
Le Carême peut se révéler un temps où une grande latitude d’inventions est possible.
Ainsi, d’un Carême à l’envers peut se manifester le véritable Carême à l’endroit, celui qui, seul, va plaire au Seigneur : « enlever le joug qui pèse » sur les épaules de nos frères et « rendre la liberté à ceux qu’on écrase » (Livre
d’Isaïe, chapitre 58, verset 6). C’est ce Carême à l’endroit que je vous propose, moins focalisé sur le sacré des rites à honorer coûte que coûte - « faire ses pâques » - et plus ouvert sur un autre rapport au sacré, celui du huitième sacrement, le sacrement
du frère à qui il faut laver les pieds et qu’il faut conduire à l’auberge, s’il est blessé au bord du chemin.